Jung et la métaphysique : entre être et non-être

Publié en été 2015
par Delaigue Chrystel

La métaphysique naît en Grèce, environ cinq siècles avant Jésus- Christ. De vertigineux échanges font dialoguer, tout autant que s’opposer, Parménide, qui considère que l’être ne peut pas en tant qu’être ne pas être, et Héraclite, qui, au contraire du premier, pose que, tout étant en constant devenir, l’être peut ne pas être sans pour autant se réduire à du néant. C’est en un parricide que Platon le confirme, allant même jusqu’à énoncer que le non-être relève d’un genre déterminé. Jung a très tôt rencontré ces références et celles-ci l’ont suffi- samment intéressé pour qu’il ait mentionné à de nombreuses reprises la nécessaire distinction entre la psychologie analytique et la métaphy- sique. Attiré par ce champ de la pensée, il le repoussa cependant. En effet, il semble ne pouvoir admettre la sécheresse de ce discours si rationnel, cet usage exclusif du lógos confinant à une excroissance diabolique. Jung avertit et redoute par là le meurtre de l’âme, inacces- sible mystère de la vie. Jung se déclare empiriste, confronté aux patients dans leur âme ainsi que dans leur corps. Ainsi, il opposera à la métaphy- sique suivie de la philosophie platonicienne, un manque : celui de la matérialité. Pourtant, comment comprendre les nombreuses mentions qui sont faites aux philosophes grecs ? Surtout, comment ne pas rapprocher les intuitions des premiers et les découvertes du psychana- lyste zurichois ? De l’exposé des tensions des contraires rencontrées auprès des Présocratiques à l’énantiodromie, de l’Idée platonicienne à l’archétype, la distance ne paraît pas si longue. Métaphysique et Psychologie analytique engagent alors un dialogue. Plus encore, elles paraissent se féconder.

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Delaigue Chrystel

Chrystel Delaigue Professeur de philosophie formée à l’Université Lyon3, elle enseigne dans le Jura. Diplômée en anthropologie et ethnologie, université Lyon2 elle s’est spécialisée en ethnopsychiatrie et sociétés subsahariennes. Elle est régulièrement partie en immersion en Afrique de l’Ouest ainsi qu’en Ethiopie. Actuellement doctorante en philosophie, elle travaille sur la problématique du Mal chez Carl Gustav Jung, après avoir mené un premier travail de recherche intitulé « De l’Eidos platonicien à l’archétype jungien », préfacé et introduit par Michel Cazenave.