Cet article commence par montrer qu’un traumatisme précoce conduit à de puissantes défenses dissociatives qui nuisent à la capacité à ressentir. Il explore ensuite les moyens de restaurer cette capacité grâce une attention centrée sur le corps quand survient l’affect en situation psychanalytique. En s’appuyant sur l’expérience personnelle de l’auteur quand il était en analyse ainsi que sur un cas de traumatisme précoce grave, il démontre l’effet destructeur de conscience des défenses primitives et indique comment les techniques corporelles sont prometteuses pour restaurer le sentiment de vitalité chez le patient et donc ouvrir l’inconscient à ces images d’affect qui sont les éléments constitutifs de l’imagination humaine. Une dernière partie se concentre sur la négligence des sentiments dans la psychologie jungienne et suggère que « créer de la conscience » (Jung 1962, p. 370), ce que Jung évoque comme « le mythe de [sa] vie » (Ibid., p. 19), est fondamentalement un processus de transformation émotionnelle – consistant à faire prendre conscience de la souffrance inconsciente, en tant que sentiments.
Donald E. Kalsched, Ph.D., analyste jungien et psychologue clinicien, exerce à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Il est membre de l’Institut C. G. Jung de Santa Fe, membre enseignant senior et superviseur au sein de la Société interrégionale des analystes jungiens (IRSJA). Il donne des conférences aux USA et à l’étranger sur le thème des traumatismes précoces et de leur traitement. Ses deux principaux livres, The Inner World of Trauma : Archetypal Defenses of the Personal Spirit (Routledge, 1996), et Trauma and the Soul : a Psycho-Spiritual Approach to Human Development and its Interruption (Routledge, 2013) explorent un « système » de défenses archétypales qui se trouvent dans le monde intérieur dissocié de la psyché traumatisée.